mercredi 21 octobre 2009

Le programme de rénovation urbaine de Ménimur

De quoi s’agissait-il ? Le conseil municipal était invité à approuver le plan de financement du projet. Ce vote est essentiel car il détermine une fois pour toute l’engagement de la ville. Il n’y aura pas de programmation complémentaire. C’est pourquoi, nous avons exprimé une nouvelle fois les interrogations des habitants et des commerçants entendues en réunions publiques ou lors de rencontres directes sur le quartier dans l’espoir que la majorité municipale apporte des clarifications d’une part, et complète le programme d’action d’autre part. Hélas, il n’en fut rien.
Bien entendu, nous acceptons les principes de la revalorisation du centre commercial et de la réhabilitation des logements Hlm. Mais, nous ne pouvions pas approuver une délibération qui ne répond pas à tous les enjeux. C’est ainsi que Nicolas LE QUINTREC puis Claude JAHIER se sont exprimés et ont signifié l’abstention de la gauche vannetaise sur ce dossier :

« Quelques remarques :

1) Gouvernance du projet
Dans quelques jours, vous allez signer la convention avec les partenaires financeurs sur la base du projet examiné par le comité d’engagement de septembre dernier. Cette convention et donc le projet ont leur importance puisqu’ils permettent de mesurer la réalité de vos intentions.
Or, nous n’avons ni l’un ni l’autre pour jauger à la fois la pertinence des réalisations et l’adéquation des engagements financiers au regard des besoins du quartier.

Par ailleurs, je vous ai réclamé à plusieurs reprises les différents organigrammes de pilotage et d’interventions techniques sur l’ensemble de l’opération que vous aviez présenté à la va vite par diapos il y a un an en Commission extra-municipale (CEM). Là encore, il y a rétention d’information. Nous ne pouvons donc pas mesurer l’implication des partenariats et l’articulation entre les différents acteurs.

La transversalité des politiques (urbanisme, habitat, social, économique …) et des stratégies d’action sont fondamentales. C’est un des principes fondateurs des projets ANRU. Comment pouvons-nous l’évaluer sans ces documents ? Il y a un problème de transparence dans la gouvernance du projet. Pour éclairer les réflexions, j’ai d’ailleurs suggéré à la CEM lors de son installation, d’auditionner un certain nombre d’ « experts » : DDE (service Anru), DDISS (Volet social), TPV pour les transports, etc … C’est resté sans suite.

Plus préoccupant encore, qui pilote le projet ? Lors de la dernière CEM du 6 octobre, je me suis étonné d’entendre Monsieur AUGER, qui préside cette commission, nous déclarer qu’il découvrait en même temps que nous le nouveau projet du centre commercial. Le président de séance ne doit-il pas vérifier et valider les informations communiquées ?

2) L’enjeu du projet
Avant L’ANRU, les opérations menées dans les quartiers étaient segmentées et morcelées. Tout le monde s’accordait à dire qu’au bout du compte cette façon de faire n’apportait pas d’amélioration.
C’est pourquoi, l’ANRU préconise d’engager les projets de renouvellement urbain à l’échelle du quartier et de manière globale.

Pour Ménimur, votre démarche s’inscrit toujours dans la continuité de la période d’avant ANRU. Vous appelez ça « un projet atypique », l’ANRU elle, qualifie diplomatiquement votre projet de « projet urbain et commercial ».

Pour être clair, nous sommes bien loin des espérances que vous aviez fait naître en 2006, date du premier projet. Il n’y a plus de projet de quartier mais simplement une valorisation du Centre commercial et la réhabilitation du parc HLM. Pour le reste, c’est le minimum. Au mieux, vous y faites allusion sans grande conviction. A titre d’ex : La CEM de la semaine dernière, sur 2 h de réunion, nous avons eu droit à 1h 30 de centre commercial et 30 mn sur la résidentialisation.
Une fois encore, à Vannes, les choses se font à moitié.

3) la question du désenclavement du quartier
Principe majeur de l’ANRU, faut-il le rappeler.
C’est toute la question de la transversalité. Quelques exemples pour lesquels les informations sont très partielles et donc insuffisantes pour améliorer la situation, comme par exemple la sécurisation des accès, la régulation de la vitesse, l’aménagement piétonnier ou des deux roues… :
- Les entrées du quartier : les 4 accès de la rue du 4 août, le rond point de Ténenio qui dessert entre autre le pôle médical, les 2 axes de Vannes Océane,
- L’accès à Kermesquel, le passage Pompidou,
- L’accès aux zones d’activité et donc à l’emploi, vers Laroiseau avec un arrêt de bus situé au rond point Pompidou, la percée vers Vannes Est, certes, vous envisagez une nouvelle voie à hauteur de Saint Guen, mais le problème se situe après, au niveau de Bilaire qui poursuit son urbanisation

4) Centre commercial
a) Tout d’abord, pourquoi ne pas élargir le périmètre de réflexion de l’aménagement de ce cœur de quartier en y incluant le carré compris entre la route de Pontivy, la Gendarmerie, la rue Emile Jourdan et le centre commercial ? Cela permettrait de sortir en partie de cette logique de segmentation pour mieux mesurer les interactions entre, d’un côté, la démolition/reconstruction du centre commercial et, de l’autre, la construction de logements sur le parking relais actuel et l’extension du foyer Kerdonis de l’APF.

b) Vannes va-t-elle flouer les commerçants ? J’ai demandé en juin la communication de l’étude EPARECA. Là encore, demande sans suite.
- Vos services nous disent que cette étude est écartée. Pourquoi ? Serait-elle trop en faveur des commerçants?
Evaluerait-elle la valeur des fonds commerciaux nettement au-dessus de vos prévisions ?
- Pouvez-vous garantir aux commerçants propriétaires aujourd’hui de l’être à l’identique demain ?
- Avec les propositions d’indemnisation actuelles, certains estiment être perdants. L’un d’entre eux qui part en retraite estime la perte financière à hauteur de 40 K€. Quelle solution lui apportez vous ?
- la question du parking pour maintenir une clientèle extérieure est vitale à l’équilibre économique du centre. Nous n’avons toujours pas de réponse claire sur ce sujet.
- dans le projet, il est prévu aussi de regrouper les services, médiathèque et bureau de police dans le centre. Concernant la police, puisqu’il n’y a plus de police de proximité, de quel service s’agit-il ? En ce qui concerne la médiathèque, il serait plus intéressant d’imaginer à partir de la médiathèque un véritable espace culturel et artistique, plus attractif qu’une tour envisagée dans le projet initial dont la vocation n’a jamais été clarifiée et étudiée. La création d’un espace culturel de diffusion et de création participe à l’évolution de l’image du quartier, de son rayonnement, de l’apport de personnes extérieures, c'est-à-dire à plus mixité. Et c’est un atout majeur pour les commerces du centre commercial.
Cet équipement viendrait compléter l’offre socio-culturelle existante.

5) Démolition – reconstruction
a) La Charte de relogement : lors de la présentation du projet, nous avons apporté un ensemble de propositions relatives au droit des locataires. Depuis, nous n’avons eu aucun retour. Qu’en est-il du document définitif ? Est-il réellement adressé aux personnes concernées ?

b) En ce qui concerne la démolition de la cage d’escalier du 7 rue Paul Signac, je n’en vois pas la nécessité. Il ne s’agit pas d’une logique d’ouverture ou de résidentialisation.
Vous justifiez cette démolition par le fait qu’il y a des problèmes dans les caves. Je comprends le trouble que cela provoque chez les habitants. Mais si nous devons démolir tous les collectifs qui connaissent des problèmes dans les caves, alors là, il va falloir en démolir un paquet.
Pour votre information, il y a bien longtemps que plus personne ne raisonne de cette manière.

c) Avec la démolition des N° 35, 37, la mosquée disparaît. J’ai retenu avec intérêt votre engagement à leur égard. Toutefois, le délai de réalisation du projet est serré. Par conséquent, la future mosquée est-elle prévue dans le quartier ? si oui, où exactement ? Bien entendu, cette communauté ne peut se retrouver à la rue. L’échéancier démolition et celui de l’accès dans le futur lieu sont-ils compatibles ?

6) Le volet social en complément de l’action socio-culturelle existante
C’est sans doute parce que ce volet relève du financement local qu’il apparaît comme le parent pauvre du projet.
Certes, vous respectez l’obligation de l’ANRU en ce qui concerne les 5 % d’insertion bien que là encore, nous n’avons jamais eu de retour sur les propositions que nous vous avons faites lors du projet de la charte d’insertion présentées en CEM.
Au regard de l’enjeu, chômage, précarité, exclusion, il y avait tout lieu de compléter votre action en adoptant le dispositif des 10 % de création d’emplois conjugué à la GUP. Ces emplois répondaient à des besoins exprimés en réunion publique et en CEM, à savoir :
- le secteur de la prévention et de la médiation,
- le secteur de la sécurité et de l’entretien de l’espace commercial,
Ces leviers pouvant être optimisés par l’installation :
- d’une annexe de la Mission locale et pourquoi pas du pôle emploi.
- d’un soutien à la création d’entreprises dans le cadre de l’insertion par l’économie

Vous nous avez annoncé, brièvement, la création d’un comité technique partenarial pour l’accompagnement des relogements. Très bien.
Mais c’est nettement insuffisant pour définir un projet social à l’échelle du quartier qui réponde aux questions de l’emploi, de l’insertion, de la mobilité, de l’intergénérationnel, de la délinquance, de la déviance, voire de certaines pathologies, de la parentalité, de la médiation de proximité … Quelle coordination des interventions entre les dispositifs étatiques d’une part et les aides sociales et l’action sociale d’autre part ? Quelle articulation avec les services de la justice, du soin, de l’éducation … ?
De tout cela, nous n’en avons pas entendu parler, même pas une analyse fine de la situation sociale qui permettrait de dresser ces stratégies partenariales d’accompagnement.

Il y aurait encore beaucoup à dire. Je pense notamment à la réhabilitation des logements. Je vous entend souvent stigmatiser les pratiques habitantes des locataires, et bien, il aurait été souhaitable que VGH nous présente un cahier des charges précis de leur intervention sur le bâti bien sur, mais aussi sur les moyens qu’elle compte déployer pour aider les familles à améliorer, voire changer, leur pratiques habitantes si celles-ci sont défaillantes.

Pour paraphraser un de vos confrères député maire UMP, Monsieur CARDO, dont la compétence en matière de politique de la ville est reconnue, il ne sert à rien d’améliorer l’urbain et le bâti pour assurer une qualité de vie aux habitants et réduire les inégalités s’il n’y a pas de projet social ambitieux et à la hauteur des enjeux. » (Nicolas Le Quintrec)

« Vous nous demandez d’approuver un projet dont nous savons peu de choses, et ce n’est pas la commission extra municipale du 6 octobre dernier qui a pu nous éclairer.
Nous avons fait connaissance avec le cabinet ARCAU qui nous a présenté des projets possibles d’amélioration de déplacements et de « création » d’un nouveau cœur de quartier, sans que rien ne soit vraiment défini. Comme cela nous a été dit : « c’est à l’étude, nous réfléchissons… » C’est d’autant plus flou que les suggestions faites par le cabinet ARCAU n’ont pas grand-chose à voir avec les projets précédents pour lesquels nous avions émis des avis.
En fait, quand on parle de rénovation du quartier de Ménimur, de quel quartier est il question ? Ce projet de rénovation urbaine ne semble concerner que quelques ilots HLM et l’actuel centre commercial. Pourquoi ne pas avoir orienté ce projet dans un projet global de quartier, de ville voire d’agglomération, Saint Avé n’est pas loin ! Les habitants du quartier situés hors périmètre se sentent oubliés et craignent que leurs rues qui ne seront pas concernées par le plan d’amélioration des déplacements ne deviennent des voies de détournement des véhicules, je pense notamment à la rue des Paras.
Beaucoup de questions demeurent :
Les commerçants du Centre commercial sont inquiets pour leur devenir et attendent des assurances.
Les aménagements du quartier pavillonnaire ne figurent pas dans le projet, quels seront les liens avec cette rénovation ? Comment seront intégrés au projet le foyer des Jeunes Travailleurs, la résidence pour personnes âgées ? Quelle prise en compte des liens intergénérationnels très importants dans la vie d’un quartier ?
Nous n’avons perçu aucune relation entre Vannes Golfe Habitat qui a déjà sa propre équipe et le cabinet ARCAU. Comment les 2 projets vont-ils cohabiter, quels liens entre eux ?
Quelle sera l’intégration de la « Foncière Logement » chargée de la construction des immeubles en « cœur de quartier » avec le projet ARCAU ? Quel type d’habitat est prévu, quels types de logements ? Comment est envisagée la mixité, des petits logements pour célibataires ou personnes âgées, des T4, T5 pour des familles, des logements pour personnes en situation de handicap ? Il serait intéressant de connaître comment est prévu le brassage des populations. Nous n’avons pas pu avoir de réponses non plus quant à la hauteur des immeubles ni sur le nombre exact de logements : 150 à 200, c’est vague ! Les habitants aimeraient savoir. Ces précisions seraient importantes également pour les écoles qui doivent connaitre les effectifs futurs pour préserver leurs classes au cours de la réunion du mois de juin, la directrice de l’école Jean Moulin faisait part de son inquiétude avec le départ d’enfants dont les immeubles doivent être démolis.
Quel est dans le cadre des réhabilitations et constructions des immeubles HLM, l’engagement de Vannes Golfe Habitat pour le développement durable, des exigences de performance énergétique dans le cahier des charges ? Cela aurait pu être l’occasion d’envisager de nouvelles sources d’énergie, pour la production d’eau chaude par exemple.
Beaucoup de questions pour lesquelles nous aimerions avoir des réponses pour pouvoir nous engager.
Vous comprendrez donc que devant autant d’imprécisions, il ne nous est pas possible de voter ce projet, nous nous abstiendrons. » (Claude Jahier)

Puis, au sujet de l’aménagement de l’espace face au centre Henri Matisse, Claude Jahier souligne l’absence de réflexion approfondie.
« La séparation de ce bordereau avec le n°6 illustre l’approche morcelée décrite précédemment. Qu’il y ait 2 délibérations distinctes pourquoi pas. Mais, il aurait été tout aussi simple de l’inscrire en septième point.

Nous nous sommes déjà exprimés sur l’approche globale. Cependant, l’une des particularités de Ménimur-centre ce sont ses espaces libres. J’entends bien l’idée de la densification mais s’il y avait un espace à réfléchir c’est bien celui-là. On ne saura jamais si une fonction loisirs, détente, de vie sociale n’aurait pas été plus judicieuse du fait de la présence de la piscine, du centre social, des ateliers artistiques, de la piste de prévention routière, de la crèche.
De cette hypothèse ou d’autres, il n ‘y a jamais eu de débat. C’est pourquoi nous voterons l’abstention. »