jeudi 2 février 2012

Dévasage du port de Vannes


A l’occasion de l’enquête publique concernant l’autorisation de dragage du port de Vannes, la Gauche Vannetaise par la voix d’Anne Camus et de Nicolas Le Quintrec apporte les observations suivantes :


Si le port de plaisance est pour notre ville un outil de développement socio-économique (activités de production et de services, tourisme, événementiel, plaisanciers ayant accès direct aux activités urbaines...), la pollution liée aux activités nautiques est multiple. Elle concerne les déchets produits par le chantier naval, les bateaux et les usagers, mais aussi les déchets issus des opérations d’entretien (carénage) ou de dragage. Le port de Vannes étant situé en fond de baie il est aussi l’exutoire des cours d’eau qui s’y jettent et plus particulièrement de la Marle dont le bassin versant essentiellement urbanisé et imperméabilisé s’étend sur 40 km².

Sur le procédé :
Le procédé choisi par la ville est pertinent car il exclut tout largage en mer qui s’accompagne de la dispersion des polluants et ne répond ni aux exigences du Grenelle de l’environnement et du développement durable, ni aux préconisations du SDAGE Loire Bretagne. La solution la moins coûteuse financièrement et écologiquement, réside assurément dans des désenvasements fréquents et la ville semble vouloir opter pour cette solution.
Cependant, la demande d’autorisation de l’opération de dragages aurait dû être accompagnée d’une réelle stratégie préventive visant à éviter ou réduire la contamination future des déblais dragués. Il est étonnant qu’une nouvelle fois nous devions pointer du doigt une étude insuffisamment ambitieuse sur la mise en place d’une gestion durable du port de Vannes. Certaines causes de contamination ne relèvent pas  de l’activité portuaire stricto sensu  et l’expérience passée témoigne d’une accumulation de polluants divers dans les déblais de dragage en provenance des eaux pluviales, des rejets de carénage, des chantiers de réparation navale…
En outre, le lecteur est vite découragé par un document d’enquête volumineux où les points les plus importants concernant la pollution des sédiments (ex : nombre de carottage…) se trouvent dilués dans un recensement de réglementations nationales. De par ce fait,  il aura tendance à ne prendre en compte que le seul résumé mis en avant dès les premières pages du dossier.

Des éléments importants pour la mise en œuvre d’une gestion durable du port auraient dû figurer et être pris en compte dans le dossier d’enquête, nous regrettons :

l’absence d’un schéma directeur des eaux pluviales afin d’assurer la maîtrise du ruissellement urbain et la cohérence du développement de l’urbanisation dans le cadre d’une gestion durable du cycle de l’eau dans la ville

L’absence de mise en place de réceptacles pour les eaux grises et noires, (obligation pour les navires de commerce et de transport de passagers (100 000/an pour le port de Vannes…) conformément à la Directive européenne du 27 nov 2000). Le cas échéant, l’absence de contrôles des eaux usées des navires à passagers, des bateaux de commerce…

L’absence de volonté de restaurer et réhabiliter la vasière de Larmor-Gwened. Régulièrement sont évoqués dans l’enquête les taux de pollution des sédiments du littoral Charentais pour leur classement bactériologique mais jamais ceux de la vasière de larmor Gwened, reposoir pour les oiseaux qui fréquentent la zone natura 2000… cette zone polluée dépend des rejets des activités agricoles et domestiques insuffisamment traités .... Citons cette phrase étonnante de l’enquête mais qui justifie l’inertie de la collectivité :  « le dispositif de surveillance sanitaire mis en place vérifie que le niveau de contamination microbiologique de chaque zone de production reste conforme au classement défini dans les arrêtés préfectoraux et identifie les épisodes inhabituels de contamination »

L’absence de volonté de diminuer la pollution apportée par la Marle est aussi significative, puis qu’aucune analyse ne figure concernant cette rivière qui apporte pourtant son lot de pollution.

L’absence d’un label « Pavillon Bleu » pour Vannes « port du golfe ». Label à forte connotation touristique certes, mais symbole d'une qualité environnementale exemplaire. La ville n’est détentrice de ce pavillon que pour la plage de Conleau… pourtant le label valorise chaque année des ports de plaisance qui mènent de façon permanente une politique en faveur d’un environnement de qualité.

D’autre part, tout site de dépôt de dragage constitue une menace potentielle pour l’environnement et doit faire l’objet d’un suivi régulier. Comme nous l’avions relevé lors de l’enquête publique de juin 2009 concernant le passage inférieur de Kérino, l’étude qui nous est présentée ne mentionne pas les résultats des suivis du dévasage effectués précédemment sur Tohannic. Rien n’est dit sur la qualité des sédiments après « décantation ». C’est une lacune importante dans un tel dossier, d’autant que les eaux du bassin de stockage repartent vers un ru proche qui se déverse à nouveau dans le Golfe du Morbihan, là où se trouvent des chantiers ostréicoles.
Par ailleurs, nous avions demandé à être associés au suivi des sites de dépôt de dragage mais malgré nos diverses demandes écrites (voir P.J. l’avis de la commissaire enquêteur lors de la dernière enquête publique sur le passage inférieur) et orales (plusieurs interventions en conseil municipal et en commission), nous n’avons jamais obtenu de retour.
De même, un courrier (pièce jointe) à l’attention du maire, courrier rédigé à l’issue du conseil municipal du mois d’octobre demandant une série de documents concernant le port de Vannes n’a jamais reçu de réponse.
Ces rétentions d’informations sont regrettables car elles laissent à penser que les copies nous sont refusées pour masquer des carottages insuffisants, mal réalisés, de très mauvaises analyses des sédiments… ou encore une absence totale de suivi et d’analyse sur les lagunes de Tohannic…

Conclusion :
Il manque à Vannes une volonté politique forte, un investissement financier, des moyens humains pour la gestion du port de plaisance. Pourtant, à l’heure de l’agenda 21 communautaire, une simple charte environnementale pourrait déjà accroître les démarches éco-citoyennes des plaisanciers, favoriser l’échange de bonnes pratiques et le transfert d’expériences afin de promouvoir le concept de « port propre et accueillant… Cette charte de promotion du développement durable à travers des critères d’excellence en matière d’éducation et d’information à l’environnement, de gestion environnementale, de gestion de la qualité des eaux et des milieux, de sécurité et de services, de carénage des bateaux …
Nous émettons le vœu qu’en ce début d’année 2012, nos différentes remarques et demandes soient prises en considération…