Il n’y a pas de politiques publiques, entre autre celles de la prévention et de la lutte contre la délinquance, qui ne se réfèrent à des valeurs. Sur ce point, la logique répressive ne suffit pas même si le rappel à la règle et son respect constituent un axe d’action incontournable. Dans cet esprit, nous comprenons bien la volonté de dynamiser les politiques partenariales conduites localement avec l’Etat et les collectivités locales. La mobilisation de tous est une nécessité à la condition que chacun assume son rôle, qui doit être proportionné à ses compétences et à ses responsabilités. C’est sur cette base que doit se construire le partenariat d’intervention.
En matière de sécurité, on comprend bien la nécessité pour la police de recueillir un maximum d’informations. C’est la logique du réseau d’informateurs, communément appelé « indics ». Nous en connaissons les risques. Alors, comment envisager le recours à des bénévoles « citoyens volontaires » pour assurer cette fonction sans réflexion approfondie de leur rôle, de leur champ d’intervention ? Comment, même, légitimer leur existence au regard de la méthode discrétionnaire de nomination ?
La question de leur propre sécurité se pose alors avec d'autant plus de force. Souvenons-nous, alors que les atteintes à l'intégrité physique dans le Morbihan sont en augmentation de 7,43 % en 2007, de deux faits récents qui se sont déroulés à Vannes : d’un côté, un jeune stagiaire de l’école de police qui a été violemment agressé par ses anciens amis qui lui reprochaient d’être passé de « l’autre côté de la barrière » ; de l’autre, une voiture de police qui subit des jets de pierres lors de sa ronde dans un quartier.
On ne s’improvise pas professionnel de la sécurité ou de la prévention. Cela demande une réelle formation professionnelle. Celle d’un gardien de la paix est d’un an, celle des travailleurs sociaux est d’au moins deux ans (éducateurs, animateurs, assistantes sociales, médiateurs…)
La ville de Vannes semble approuver ce dispositif. Mais sur quel diagnostic se base-t-elle ? Depuis les dernières élections municipales, la commission municipale sur la sécurité ne s’est jamais réunie. Aucun rapport du CLSPD n’a été présenté. Certes, des problèmes existent bien dans les quartiers mais on ne cherche pas vraiment à mettre sur la table la réalité de la situation. Et la majorité en place est encore loin d'avoir engagé, comme elle l'avait promis, ainsi que sur nos propositions, un vrai travail de fond tant sur les causes de l'insécurité que sur les stratégies politiques et opérationnelles à mettre en œuvre pour y remédier.
Au moment où l’école de police de Vannes est menacée, où les services sociaux et de prévention, et les associations, principaux vecteurs de lien social, sont confrontés à une baisse de leurs moyens d’action, quelle formation sera dispensée à ces "citoyens volontaires" et de quels moyens disposeront-ils, avant, pendant, et après l'exercice bénévole de leurs fonctions ? Autant de questions qu'il aurait fallu (se) poser avant de lancer une telle initiative, d'autant que, selon le rapport 2007 de la politique de prévention de la délinquance, ce dispositif n’a pas atteint les objectifs qu'on lui avait fixés. Sur 26 sites pilotes, l’objectif était de recenser 100 citoyens volontaires par site, c’est à dire 2600. On en est aujourd’hui qu’à 457 soit à peine 18 %.
Il nous semble primordial de réunir, dans un premier temps, les instances et acteurs de terrain pour dresser un constat de la situation actuelle et approfondir l’éventualité de ce projet. Puis, à partir de ces conclusions, réunir la commission municipale de sécurité pour définir le positionnement de la ville et ses priorités d’intervention.
Ensuite, il serait bon de s’inspirer des expériences qui se construisent autour de professionnels et de réseaux institutionnels et associatifs de proximité. L’exemple de Rennes avec ses cellules de veille en est un parmi d'autres.
En tant qu'élus du conseil municipal de Vannes, nous demandons une nouvelle fois à la ville de solliciter le Conseil général pour développer le soutien aux acteurs de prévention sur le terrain, de recruter des équipes de médiation constituées de professionnels et de renforcer le maillage de la ville en structures de proximité (maisons de quartier, conseils de quartier …). C'est le chemin de la conciliation entre sécurisation des droits élémentaires des citoyens et droit à la sécurité pour tous.